Contrôler l’information télévisée : les productions gouvernementales – 1958/1969

Sous la république gaullienne (1958/1969), le contrôle de la télévision opéré par le gouvernement est habituellement stigmatisé par quelques évènements marquants [1], laissant supposer que seul le régime répressif de censure s’est exercé sur la RTF (1958/1964) puis sur l’ORTF. Cependant, la mainmise sur l’information télévisée ne se restreint pas à quelques anecdotes : bien plus que les interdictions et les censures (pratiques visibles donc risquées), ce sont les commandes d’émissions qui concourent à l’élaboration d’un programme télévisé progouvernemental : le pouvoir génère ses propres programmes, il les conçoit et les fait réaliser ; le gouvernement devient ainsi un producteur de l’information télévisée, et cette production est très organisée.Canard Enchaîné - De Gaulle - Escaro

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Le ministère de l’Information : un ministère de la censure ?

Le ministère de l’Information apparaît pour la première fois sous la IIIe République, en mars 1938 [1] : au seuil de la Guerre, il faut pouvoir organiser sa propagande. Évidemment conservé sous Vichy, le ministère survit à deux changements de République. En 1958, le général de Gaulle revient aux affaires et institue la Cinquième République. Pour réaliser ses ambitions audiovisuelles – se saisir de la télévision pour établir un contact direct avec les Français, et éviter ainsi le filtre de la presse écrite –, le président de la République désigne un chef de file chargé d’appliquer ses volontés : le ministre de l’Information. Le gouvernement lui prescrit une mission : réformer et organiser la radiotélévision d’État. Ainsi, de 1958 à 1969, le ministère de l’Information façonne-t-il l’ORTF. Quelles sont ses attributions? Comment fonctionne-t-il ? Quel est son champ d’action ? Quelle est l’importance de son pouvoir quant à l’information télévisée ?

Canard Enchaîné - 1959

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Censure à la télévision : Le Manifeste des 121

L’interdiction de diffusion – la censure intégrale –  n’est pas la forme de contrôle la plus usitée par les gouvernements gaullistes. Grâce au strict contrôle a priori exercé, les projets d’émissions tendancieuses sont « tués dans l’œuf » et tombent irrémédiablement dans les oubliettes de la télévision.  Interdire une émission de diffusion est dangereux : c’est presque immanquablement s’exposer aux critiques de la presse, des parlementaires, de l’opinion publique. Le cas particulier du Manifeste des 121 (une pétition, « appel à l’insoumission » en faveur de l’arrêt immédiat des combats en Algérie, et signée par d’illustres personnalités) est atypique, car le boycottage médiatique – qui a fait l’objet d’une décision gouvernementale officielle – est singulièrement intransigeant.

LAP

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De l’intérêt de désigner soi-même le directeur de la TV publique…

Depuis le 13 janvier 2009, une nouvelle loi stipule que la nomination du PDG de France Télévisions par le président de la République fait suit à une décision prise à l’issue d’un conseil des ministres, après avis du CSA et accord du Parlement[1]. Retour aux années 60. Notre ancêtre le primotéléspectateur a le choix entre deux chaînes de télévision. Toutes deux sont publiques et placées sous le contrôle du gouvernement. À la tête de cet audiovisuel d’État ? Un directeur général, qui ressemble beaucoup à notre PDG de France Télévisions, car c’est en conseil des ministres qu’on en décrète la nomination.

 

Canard Enchaîné - Lap

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La Pub, la Télé et le Gouvernement (1958-1968)

Canard Enchaine - Mai 1963
Canard Enchaine – Mai 1963

« Ce n’est un secret pour personne, les payeurs de la redevance sont cocus : ils continuent à payer leurs 85 balles – d’Estaing – par an et Dame Télé passe, à tours de bras, de la publicité pour des organismes privés. (…) Ce qu’elle fait ouvertement n’est pas de la publicité, ce sont « campagnes d’intérêt national ». Vous saisissez, ô impies, la nuance ? La « pause café », la « pause yaourt », la « pause aspirateur », la « pause jus de pommes », la « pause machine à laver », la « pause jus de raisin », la « pause Henri Genès-Odette Laure », la « pause beurre », la « pause glace à la vanille », etc. etc. (tu pauses ! tu pauses !) bref, tous ces petits sketches quotidiens qui satisfont, à la fois, votre curiosité naturelle et votre sens artistique, sont nécessaires à la vie de la Nation. C’est pourquoi le Canard engage vivement ses lecteurs (…) à envoyer à M. le Ministre de l’Information le petit papillon en forme de vignette que nous publions » (Le Canard Enchaîné  du 29 mai 1963). Si Gabriel Macé et son journal enjoignent les lecteurs à protester contre la télévision publique (qui compte alors deux chaînes), c’est que la publicité – qui ne sera autorisée qu’à la fin de l’année 1968 – envahit progressivement les écrans de la RTF, et de façon insidieuse. « La publicité de marque y a bel et bien fait son entrée il y a une douzaine d’années » [1] admet Alain Peyrefitte, fameux ministre de l’Information, et ce, dès la fin de l’année 1964. En effet; avant octobre 1968 (qui voyait sa légalisation), la publicité télévisée s’appelait encore « émissions compensées ».

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